L’exploit accompli en fin de semaine par le talentueux, voire extra-terrestre, Alex Honnold sur El Cap dépasse l’entendement. À peine âgé de 31 ans, il surclasse tout le monde en grimpant avec un parfait contrôle des voies que plusieurs ne rêvent même pas de faire en artif. Depuis son free solo de Moonlight Buttress (5.12+, 365m) en 2008, je m’interroge sur les limites du jeune homme tout en espérant qu’il sache où elles se situent.
Ce n’est pas d’hier que le free solo fait peur autant qu’il fait rêver. Grimper dans un contrôle total, sans tout le matériel lourd et encombrant, est certes la forme la plus pure d’escalade tout comme la plus risquée. Avant Honnold, le défunt Dean Potter a fait tourner les têtes par ses ascensions risquées à la limite de ses capacités.
Les années 90 ont essentiellement appartenu à Alain Robert qui grimpait les plus hauts gratte-ciels du monde, visitant par le fait même plusieurs prisons à travers le monde car ses prouesses étaient habituellement faites sans autorisation.
La génération 80 a quant à elle, été marquée par John Bachar et Peter Croft. Ce dernier a d’ailleurs effectué la connexion en free solo d’Astroman et Rostrum à Yosemite. Quant à Bachar il est décédé en 2009 lorsqu’il a fait une chute fatale en Californie, alors qu’il grimpait en libre.
Évidemment, la liste des illustres adeptes du free solo est beaucoup plus longue et la discipline n’est pas nouvelle. Alors en quoi l’exploit d’Honnold est-il si marquant ? Pour plusieurs raisons, notamment le niveau de difficulté de la voie de même que la hauteur du mur. Quand on regarde les images suivantes, on constate les exigences athlétiques de la voie. Pensez-y un peu : grimper 35 pitchs d’affilée dont plusieurs en 5.12 ou plus, pendant près de 4h, sans aucune possibilité d’erreur. Pour la majorité d’entre nous, après une douzaine de voies à Kamou, dans des cotes beaucoup plus faciles, c’est une grosse journée !
Maintenant, est-ce qu’un tel exploit sportif est historiquement marquant ? Aura un impact sur l’avenir du sport ? Permettez-moi d’en douter. Comme je le disais auparavant, le free solo ne date pas d’hier et je crois que cette discipline n’est accessible qu’à une « race » spécifique d’individu. Des grimpeurs(es) cérébraux, calmes et en parfait contrôle de leurs moyens, ne courent pas les rues. Ils sont l’exception. Comme Usain Bolt au 100m, Pele au soccer ou Muhammad Ali à la boxe. Et, dans mon livre à moi, Honnold les surpasse tous car, dans sa discipline, il n’a pas le droit à l’erreur. Il doit être parfait.
Mon souhait le plus grand en écrivant ces lignes, c’est que je ne doive pas un jour écrire sa nécrologie suite à un accident de grimpe. Longue vie à Alex Honnold!
Pour ceux que ça intéressent, y’a un débat sur la page Facebook d’Alain Robert:
https://www.facebook.com/frenchspiderman/posts/1299767726785592
C’est effectivement hallucinant le niveau de contrôle et d’engagement qu’ Alex a du avoir. Il y a une section , dans cette voie, de deux longueurs de dalle en pure adhérences. Elles sont si extrême que le simple fait de ralentir la cadence est assez pour réduire la friction et nous faire tomber. Ça veut dire qu’il ne devait pas hésiter , pas une demie seconde avant de placer ses pieds littéralement au mm près. Sa seule aide, il avait mis de la craie ici et là pour viser juste sur les ‘cristaux ‘qui lui permettent de tenir. Comme si tout cela n’était pas assez, il devait vivre avec le fait que dans les montagnes, la météo change vite. Sur la durée de son ascension, il aurait pu se faire surprendre par des vents ou pire, de la pluie ce qui l’aurait tué à coup sur. Mais encore, avec tous ces facteurs, Alex n’est pas un téméraire casse cou. Il est un gars terre à terre qui planifie et s’entraîne avec le même niveau d’engagement qu’il met dans ses voies.le risque était énorme pour Alex, mais la victoire l’est encore plus.Longue vie à toi MONSIEUR Honnold
Son commentaire quand il est arrivé en-haut : « I feel like I could go down and do it all over again! » Quelle machine.
Aussi, selon lui et d’autres, c’est une des deux ou trois ascensions du Nose en libre, où il n’y a pas eut une seule chute, ni un seul appui sur corde. Dont une autre aurait été l’ascension encordée que Honnold et Caldwell avaient fait ensemble quelques jours avant le solo.
Tout un exploit!
Attention, Freerider et The Nose sont deux voies différentes, sur El Capitan. Une trentaine de pitches chacune!
Alex a fait Freerider, 5.13a, en solo.
The Nose est une voie encore plus dure, avec crux en 13+ voire même 14 selon les sources,
soit le fameux « changing corners ». The Nose est la voie que Lynn Hill avait fait en libre la première, je crois. Elle est souvent faite en artif il semble.
Essayer The Nose en solo serait suicidaire!
LE PLUS GRAND DE TOUS LES TEMPS?
Reinhold Messner
Jacques – rochassier… pas alpiniste! 😉
Parlant du Nose…. la voie vient d’avoir sa première ascension « tout-nus » 🙂
https://www.climbing.com/news/the-first-naked-ascent-of-el-capitan/
la grimpe ultime serait donc de faire le Nose en solo… ET nu !