Critique du film The Alpinist

Le film s’ouvre sur Marc-André Leclerc qui grimpe seul, sans corde, une ligne très aérienne sur une montagne quelconque. La scène à vue d’oiseau, sans musique, fait place à la respiration de Leclerc et au son si distinctif des piolets et des crampons sur du rocher. Les images sont époustouflantes et j’avoue avoir ressenti un léger vertige à l’idée d’être à sa place. Je me suis surpris à ressentir une moiteur dans les mains. La narration embarque et on entend Alex Honnold qui vente les prouesses de Leclerc.

Peter Mortimer – le réalisateur du film – nous présente ensuite qui est ce jeune « inconnu » par une série d’entrevue avec des figures connues du monde de l’escalade et de la montagne. Il y a même une scène surréelle de hoola-hoop à Squamish.

Marc-André grimpe ensuite le Grand Wall, toujours à Squamish, et Mortimer lui demande : «pourquoi en solo»? « Simplement pour avoir une aventure relaxe et agréable » de répondre Leclerc, le plus simplement et humblement du monde. Je croyais qu’Honnold était « dorky », Marc-André était dans une classe à part. On s’attache rapidement au jeune homme.

Mention spéciale aussi à Brette Harrington qui impressionne par son calme et ses ascensions aussi en solitaire, sans corde.

S’en suit l’escalade de glace dans les rocheuses. Étape cruciale qui mènera Leclerc éventuellement à l’alpinisme. Il enfile les grandes lignes mythiques comme ma fille un bol de Cheetos. Les Gadd, Slawinski et Walsh livrent leurs impressions de ce jeune nouveau venu. Il se lance ensuite sur l’infâme Stanley Headwall. On le voit, sortir une section particulièrement difficile à mains nues, un piolet dans la main gauche et la main droite sur le rocher. Encore sans musique, au simple son des crampons qui grattent sur le rocher. Un vide abyssal derrière Leclerc. Qu’est-ce que Leclerc avait à dire après son exploit?

– Épeurant?
– Non, pas particulièrement
– Juste une journée dehors?
– Une très bonne journée dehors. Mémorable journée dehors.

Arrive la période « pro » de Leclerc. Mortimer perd sa trace. Il grimpe. Il grimpe partout. Il grimpe tout. Soudainement, l’équipe apprend que Marc-André a grimpé l’Emperor’s Face de Robson en solo. Mortimer est mortifié:

– Pourquoi tu ne nous l’as-tu pas dit? On aurait filmé…
– Jamais je ne vais vous laisser filmer ce genre d’aventure en solo. Ça enlèverait tout le sens à cette aventure, de leur répondre Leclerc au téléphone.

Soudainement, tous ceux qui ont encensé Leclerc remettent en question sa sécurité. On aborde les risques inhérents à sa pratique de l’escalade. La ligne mince sur laquelle il se trouve. On met la table pour la suite, son ascension du Torre Egger, en solitaire, en hiver. A mon sens, cette partie est un peu sur-dramatique. Un peu trop tracé au crayon gras.

La grimpe est cependant très intéressante. Les images sont, encore une fois, magnifiques. Sa seconde tentative, bien qu’avec moins d’image, est illustrée avec brio grâce à des images statiques. On ressent bien sa joie au sommet et on partage sa satisfaction. Je n’ai pu m’empêcher de m’interroger sur sa descente considérant l’infime matos qu’il avait avec lui.

La suite est très connue : Leclerc et Ryan Johnson disparaissent en Alaska après avoir ouvert une nouvelle voie sur la face nord des Mendenhall Towers. Leurs corps n’ont jamais été retrouvé.

J’ai vraiment apprécié ce documentaire qui se veut probablement un leg à la communauté de Squamish, à ses amis et aux gens qui l’ont aimé. Mais au-delà du « human interest », le film cerne bien la personnalité apparemment fort attachante de ce jeune homme hors-normes.

A voir en streaming sur Prime Video.

PS : une phrase de Blanchard que j’ai retenu : a rope, a rack and a pack your back.

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