Récemment, Gabriel Filippi lançait sa biographie Instinct de Survie. Bien que j’aie lu plusieurs récits d’aventure en montagne, Instinct de Survie est particulier car j’entretiens un lien d’amitié avec l’auteur. J’ai souvent croisé Gabriel dans des évènements liés à la montagne et je pensais bien le connaître, mais la lecture de son livre m’a donné un aperçu plus profond de l’homme derrière le grimpeur.
Dans Instinct de Survie, Gabriel Filippi et Brett Popplewell (co-auteur) livrent un récit intime et sans complaisance des aventures de l’alpiniste québécois. On apprend beaucoup de détails sur sa vie personnelle, sur les drames et les joies qui ont façonné sa personnalité et l’origine de sa motivation à fouler les sommets aux 4 coins du globe. Notamment, sa relation difficile avec son père et comment il a été confronté très jeune à la mort, thème d’ailleurs omniprésent dans le livre.

Gabriel ce printemps avec Jimmy Chin | Photo: Ian Bergeron
Je le mentionnais précédemment, la mort «accompagne» Gabriel depuis son tout jeune âge. Au fil des ascensions il a perdu plusieurs compagnons qui ont tantôt motivé l’alpiniste dans sa quête, tantôt figé l’homme dans une profonde torpeur.

Gabriel en 2009 alors qu’il était sur le versant Nord de l’Everest. Une expé particulièrement éprouvante | Photo: Collection Gabriel Filippi
Gabriel Filippi aborde également avec aucune pudeur ses échecs sportifs, amoureux et le décès de compagnons de cordée. On ressent aussi l’amour qu’il porte à ses enfants et on devine le déchirement intérieur entre le désir de suivre ses rêves et celui d’être davantage présent pour eux, notamment sa première fille Alex.
Rappelons que le parcours de Gabriel n’est pas banal. Il a – entre autre – gravis l’Everest par ses deux versants. Il a atteint six des sept plus hauts sommets du globe et il a complété deux Ironman. De plus, il était le guide d’expédition qui a mené Sylvain Bédard (greffé du cœur) au sommet du Mont Blanc. Il était là quand Sean Egan est décédé. Il était aussi présent lorsqu’une avalanche monstre a balayé le camp-de-base de l’Everest en 2015 et, en 2013, il a quitté le Nanga Parbat la veille de l’attaque terroriste qui a fait 10 morts.
Bien que je ne sois pas un critique littéraire, ce livre se lit très bien. L’histoire est bien structurée et l’ensemble est fluide, certainement grâce à l’apport de Brett Popplewell. Les amateurs de montagne autant que les lecteurs friands de biographies trouveront leur compte avec cet ouvrage. Il ne s’adresse pas qu’aux grimpeurs, mais aussi à un large public de par les thèmes humains abordés. Et comme le temps des fêtes est à nos portes, je pense qu’il ferait un très beau cadeau à ceux qui aiment lire.

Gabriel au CB de l’Everest après le tremblement de terre de 2015 | Photo: Collection Gabriel Filippi
Be the first to comment on "Instinct de Survie : l’homme derrière l’alpiniste"