La fête pour ouvrir une paroi

La paroi de St-Alphonse-Rodriguez, maintenant accessible aux grimpeurs. Crédit: Steve Bourdeau

Il y a des événements organisés pour toutes sortes d’ouvertures : des galeries d’art, des restaurants, des gyms d’escalade. Mais je pense bien que c’est une première dans la jeune histoire de l’escalade au Québec : une journée où le « public-grimpeur » est admis dans un nouveau site.

Ce petit passage à l’histoire, ça s’est déroulé à Saint-Alphonse-Rodriguez, dont on vous a déjà parlé ici. Pour faire un résumé : la paroi, qui compte plus de 170 voies, a été développée pendant deux ans avec la collaboration de la municipalité et la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME). En somme, un petit joyau qui n’a pas fini d’être taillé, c’est dire!

Une trentaine de grimpeurs ont pu se frotter aux murs de « Saint-Alph » en cette première journée. Steve Bourdeau, qui a oeuvré à ouvrir des voies et a rédigé le livre-guide, était sur place à l’ouverture. Pour lui, c’était « débile » de voir les gens arriver et découvrir le site. Les ouvreurs, me dit-il, étaient aussi bien contents que des grimpeurs soient enfin sur les voies qu’ils ont brossé pendant longtemps.

Crédit: Steve Bourdeau

Steve pense également que la municipalité semble fière d’avoir un site d’escalade de cette envergure sur son territoire, ce qui pourrait garantir la collaboration de la ville dans le futur.

Selon son estimation, il reste encore une centaines de voies à ouvrir (!), donc les ouvreurs ne vont pas s’ennuyer. Les grimpeurs vont certainement continuer à affluer sur le site, les voies vont se nettoyer davantage et la popularité de « Saint-Alph » sera plus facile à mesurer. Demeurent certains petits trucs à régler, selon Steve Bourdeau : manque de stationnement, route d’accès en mauvais état, pas de camping sur place. Mais il se dit super optimiste.

Je n’ai pas encore pu mettre les doigts sur ce bout de roche lanaudois (c’est une question de temps), mais je note quelques faits intéressants :

  • la municipalité a pris note des potentielles retombées économiques d’un secteur d’escalade. C’est un facteur intéressant, au moment où des villes et villages peuvent chercher à diversifier les sources de revenus et à créer des « attractions ». Parce que l’escalade peut devenir une activité économique intéressante : une étude avait démontré qu’au Kentucky, c’est près de 9 millions $ chaque année que les grimpeurs dépensent dans cinq comtés de cette région. Certes, il n’y a pas un site comme Red River Gorge à tous les coins de rues, mais quand même;
  • ce succès, d’ouvrir une paroi (ou un secteur de bloc) en collaboration avec les autorités municipales, pourrait devenir une référence pour celles et ceux qui veulent amorcer de tels projets;
  • il y a un travail immense derrière ce genre de projets, et heureusement, heureusement!, ouvreurs et bénévoles ont mis beaucoup de temps pour que toute la communauté en bénéficie;
  • le développement de l’escalade dans Lanaudière va à vitesse grand V, les nouveaux murs semblent nombreux, le potentiel reste encore très élevé. C’est fou, je suis né dans cette région, et je n’aurais jamais pensé qu’il y avait tant à grimper! Celles et ceux qui cherchent de la roche à équiper devraient poser des questions au club local!

 

1 Comment on "La fête pour ouvrir une paroi"

  1. Super post!

    Enfin, la vraie histoire autour de St-Alph! Une gang de trippeux/euses de grimpe, qui ont tout fait pour générer des retombées positives pour toute la communauté des grimpeux. Si la grandeur et la valeur d’un projet est proportionnelle au nombre d’embûches qu’il rencontre, ce sera grandiose ;P

    Chapeau aux crinqués qui continuent de foncer, forcer, suer et prendre des coups dans les côtes pour qu’on puisse grimper!

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