Par David Savoie
Il y a eu un « cric », un « crac », un « pop » ? Ou un muscle, une articulation vous fait mal, vous agace depuis un moment ? Vous venez peut-être de rejoindre les rangs des grimpeurs blessés, une ligue de gens solidaires qui espèrent en sortir rapidement. David Savoie vous donne quelques conseils…
Tout a commencé l’automne dernier, en Espagne. Mon bras gauche ne semblait plus répondre à mes demandes. Toute l’épaule me semblait un peu coincée, et je ne pouvais certainement pas grimper aussi fort que je l’aurais voulu… Et pourtant, je m’étais entraîné comme un déchaîné, pour disposer de tous mes (nombreux) projets anticipés à Margalef et Siurana. Je suis plutôt rentré au pays avec la mine basse et l’impression de mon bras gauche me trahissait.
Avance rapide jusqu’à aujourd’hui: la nature exacte de mon problème ? C’est encore un mystère.
J’ai pourtant consulté deux chiropraticiens, un acuponcteur, deux physiothérapeutes, un médecin généraliste… Mais il y a du progrès. Je vous partage quelques conseils qui pourraient vous aider, vous aussi, à sortir du marasme d’une blessure plus rapidement – ou peut-être en sortir moins dépité !
Bien entendu, ce ne sont pas des conseils médicaux à proprement parler. Si vous avez une blessure, consultez un médecin ou un spécialiste. Et ne poursuivez pas EscaladeQuébec pour cet article, ce serait bête !
1- Point d’ami tu ne consulteras
Bob a une blessure très similaire à la vôtre ? Et il vous suggère de faire des pompes chaque jour, parce que c’est ce qui l’a aidé à guérir? Hochez de la tête gentiment, et appelez un spécialiste. Votre blessure, quelle qu’elle soit, est fort probablement unique à votre cas. Les traitements, exercices et autres étirements suggérés par vos amis, collègues et partenaires sont de bonnes intentions, mais vous pourriez, au passage, aggraver un problème.
2- Un bon spécialiste tu verras
En consultant une demi-douzaine de personnes pour trouver la nature du bobo, on se rend compte de deux choses: tous les spécialistes ne sont pas égaux et en trouver un bon, c’est comme dégoter un bon mécanicien. Vous souffrez d’une tendinite au coude ? Un physio spécialiste de la course ne connaîtra peut-être pas cette blessure autant qu’un autre qui traite des joueurs de baseball, par exemple. En faisant de la recherche, vous verrez que des thérapeutes se spécialisent dans certains sports, ce qui peut les aider à déterminer le problème et le traitement adéquat. Points bonis quand votre thérapeute pratique le même sport que vous ! Et trouver la bonne personne pour vous aider peut-être un processus laborieux. La meilleure méthode ? Obtenez des références d’autres grimpeurs ou de centres d’escalade. Certains noms risquent de revenir – ce sont ces personnes que vous devriez consulter.
3- Un deuxième avis tu chercheras
Un conseil qui pourrait faire grincer des dents des spécialistes qui lisent ce texte. Mais il vaut mieux avoir deux opinions sur une blessure que de prendre le verdict d’une seule personne pour du « cash ». Encore là, c’est une démarche qui prend un peu de temps, mais vous pourrez peut-être mieux cerner le problème, et du même coup, déterminer la meilleure marche à suivre. Consultez le spécialiste qui vous inspire le plus confiance, et si vous ne voyez pas d’améliorations notables au bout d’un certain temps, c’est peut-être un signe qu’il faut changer…
4- Ton anatomie tu connaîtras
C’est un aspect qui m’a beaucoup aidé, dans tout ce processus de guérison: savoir un peu mieux ce qui se passait dans mon corps. À la fois pour comprendre moi-même la nature du problème – la coiffe des rotateurs est un terme assez fourre-tout, finalement ! – et aussi pour mieux indiquer aux thérapeutes que vous consultez l’endroit précis de votre blessure. Dans mon cas, le fait de savoir que j’ai peut-être une déchirure labraire – ô joie! – change la nature des traitements si je vais voir un massothérapeute, par exemple. Et puis, ça vous permet de savoir à quoi vous en tenir.
5- Tes exercices tu feras
Ai-je vraiment besoin d’élaborer sur ce point ? Et puis, si vous dépensez de l’argent sur des rencontres avec des physios, chiros, thérapeutes du sport ou autres mais que vous ne faites pas les exercices, vous pourriez tout aussi bien me transférer l’argent. Je saurai quoi en faire. Contactez-moi en privé, qu’on organise le transfert…
6- Beaucoup de questions tu poseras
C’est probablement une déformation professionnelle: je mitraille de questions tous les thérapeutes que je consulte. Quel est le problème, qu’est-ce qui a pu le provoquer ?Combien de temps serais-je hors jeu ? Quels exercices faire, ceux à éviter ? Y’a-t-il autre chose à faire pour accélérer la guérison ? En somme, je veux tout savoir. Ce n’est pas parce que je suis anxieux. C’est parce que ça me permet de gérer mes attentes, modifier mes plans, bref savoir ce qu’il en est. Et vous saurez exactement ce qui vous attend: le traitement, les étapes, les signes à surveiller, etc. Un grimpeur blessé averti en vaut deux !
7- Des traitements croisés, tu envisageras
N’hésitez pas à combiner des approches qui pourraient vous permettre de vous remettre sur pied plus vite. De la massothérapie, de l’acuponcture, ou même de la cryothérapie (si vous êtes de ce genre!), sont des traitements qui peuvent aider le corps à reprendre du poil de la bête plus rapidement. Parlez-en à votre thérapeute principal, pour connaître son avis.
8- Ton mode de vie tu surveilleras
Dormir 5 heures par nuit, manger de la malbouffe, boire du Redbull – ce n’est rien pour aider la machine à réparer ses morceaux. Si ce n’est pas déjà le cas, vous devriez avoir une hygiène de vie qui va permettre à votre corps de récupérer plus rapidement. Dormir assez – et du sommeil de bonne qualité – bien se nourrir, faire des étirements, ne pas exagérer: avoir une blessure, à mon sens, nécessite de faire encore plus attention à votre corps. Aidez-le à vous aider !
9- De l’optimisme tu conserveras
On vous dira « une blessure, ce n’est pas la fin du monde ». Mais, entre vous et moi – et je suis blessé – c’est quand même un peu la fin du monde. C’est une ou plusieurs saisons qui, soudainement, sont bousculées. Votre projet de l’automne ? Il faudra peut-être l’oublier – sans compter ce voyage en Virginie, au Kentucky, en Grèce, peu importe où, ça aussi, vous devrez peut-être changer vos plans. Malgré tout ça, une blessure, on en guérit. Après, la vitesse de récupération dépendra de plusieurs éléments. Il faut voir chaque progrès comme un pas de plus vers la guérison complète. Modifier son entraînement, se donner des perspectives différentes sur les objectifs à atteindre, et demeurer optimiste vous permettra de demeurer plus zen.
10 – De tout ça, tu apprendras
Je l’admets à contrecoeur, cette foutue blessure m’a beaucoup appris. Je comprends beaucoup mieux l’importance de s’échauffer correctement, de ne pas négliger les déséquilibres musculaires, de « mieux » s’entraîner, de ne pas trop en faire. En boni, je connais mieux mon anatomie, la nature du problème, et surtout, comment éviter que ça ne revienne. En soi, c’est déjà pas mal. J’ai maintenant une bien meilleure compréhension de ce que je dois faire comme exercices, ceux qui sont bénéfiques, ceux qui ne doivent pas être négligés, et comment même, finalement, mieux grimper. Je soupçonne que lorsque ma blessure sera guérie, je reviendrai plus fort encore. Non pas en raison des muscles et tendons plus résistants, mais parce que j’ai appris à grimper différemment, sans forcer autant qu’avant.
11- Un peu de distance tu garderas
Au final, dans le grand ordre des choses, il ne s’agit que d’une blessure. Il faut aussi garder ça à l’esprit. Oui, vous guérirez, oui, vous reviendrez probablement à vos performances précédentes, peut-être même plus qui sait ? Et oui, ça pourrait être long et pénible. Raison de plus pour revoir un peu vos motivations à grimper, visiter d’autres sports ou activités, et mettre les choses en perspective. Vous pourriez revenir à la grimpe avec une approche différente, découvrir d’autres sports, ou profiter différemment de vos temps libres. Bref, ne désespérez pas !
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