Par Ian Bergeron
L’escalade est en plein essor, non seulement au Québec mais aussi partout en Amérique du Nord. Au Canada, le marché a connu une expansion de 15% en 2015 par rapport à 2014. Chez nos voisins du sud, c’est 10%. Le bloc et l’escalade intérieur sont tellement populaires que l’on prédit qu’ils vont détrôner le Cross Fit en 2016. La consécration de cette réalité est certainement l’arrivé de l’escalade aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Mais qu’en est-il de cette croissance à l’extérieur des salles, sur les parois de vraie roche?
Dehors la cohue
Le long weekend de la Fête du Travail est dernière nous et la météo était idéale pour la grimpe. Plusieurs ont pris d’assaut les parois, notamment celles où on y retrouve beaucoup de plaquettes. Selon une source, Kamou était noir de monde. Normal, c’est toujours achalandé lui ai-je répondu… « Non, là ça n’avait juste pas de sens! » me répond mon interlocuteur. Beaucoup, beaucoup de gens avec des cordes neuves, des dégaines étincelantes et un casque immaculé. Ca non plus ce n’est pas nouveau car Kamou est reconnu comme « un gym extérieur » et plusieurs néophytes y font leurs premiers pas sur roche naturelle.
Le Trad Pow Wow a aussi eu un très grand achalandage. Bien que les apprentis y soient moins nombreux, on constate tout de même que plusieurs ont fait leurs armes et se tournent maintenant vers le trad. Certains par défi, mais plusieurs afin de fuir l’achalandage des spots de sport.
Capactié d’accueil
Est-ce que le Québec et sa banlieue (tel Rumney) compte assez de parois afin d’accueillir ce flot de grimpeurs? On s’entend, ce n’est pas les parois qui manquent au Québec, New Hampshire et Adirondacks, mais les parois purement sport sont plutôt rares. Je n’affirme pas que l’on devrait bolter plus de voies, mais je m’interroge tout de même sur la capacité de nos infrastructures extérieurs à accueillir ce flot grandissant de grimpeurs. Certains diront qu’ils se mettent au trad et ça va régler le problème… Mais je ne suis pas de cet avis. On a pas toujours envie de sortir le rack pour faire un petit après-midi de grimpe et tout le monde n’a pas nécessairement envie de se mettre au trad de toute manière. Bref, un beau problème…
Quand est-il de la formation de tout ce beau monde qui migre vers l’extérieur? Sont-ils suffisamment encadrés et informés sur les risques de grimper en paroi versus en gymnase? Je suis convaincu que non et je suis également convaincu que la FQME et les clubs n’ont pas les ressources nécessaires pour faire toute la formation et la prévention requise. Un autre beau problème, mais qui peut avoir des conséquences néfastes tant au niveau individuel que collectif. Si une série d’accident devait survenir, toute la communauté serait pointée du doigt tout comme son manque d’encadrement.
Gestion de la croissance
Selon moi, tous les acteurs doivent se réunir afin de gérer cette croissance soutenue. Les gyms, la FQME, les ouvreurs très actifs, les compagnies (Petzl, BD, etc) et les clubs doivent former une sorte d’association ou table de concertation afin d’aborder les points les plus criants, notamment la formation et l’ouverture/gestion/accès des parois extérieurs. Utopique? Probablement, mais en l’absence d’un plan à long terme, pourvu de moyens financiers, nous allons assister à une décroissance plus ou moins rapide de la grimpe dans la belle province.
Nous jouissons d’une situation enviable actuellement avec plusieurs gyms de qualités, des parois à profusions et une masse critique de grimpeurs permettant des moyens financiers accrus. Manque encore un capitaine à la barre du navire pour nous guider dans la bonne direction.
Il faudrait peut-être interroger d’autre associations et organisme du domaine du plein-air au Québec mais j’ai comme l’impression qu’il n’y a pas juste l’escalade qui subis une croissance du nombre de pratiquant. Une ruée nature vers les étendus sauvages? Une fuite des grandes villes devenus irrespirables?
Je suis en profond désaccord avec l’ensemble des points discutés ici, en commençant par le plus anodin, j’ai toujours le goût de sortir le rack pour un après-midi de grimpe, jamais besoin de bolts. Mais ce point est de loin anecdotique en comparaison avec les autres.
Dans des régions plus populeuses et achalandées telles que Rumney, comme ailleurs aux states, il est facile de croiser plusieurs personnes bien moins ou bien plus mal formées que la moyenne des grimpeurs québécois, qui pour la plupart assurent comme ils l’ont appris dans nos gyms qui sont très encadrants et axés sur la formation. En France, pays qui ne manque pas de grimpeurs, il y a ni accréditation ni surveillance en gyms, et j’ai entendu les pires histoires d’assurage, et pourtant il n’y a pas de frein à la pratique de l’escalade. J’ai beaucoup de respect pour le travail des formateurs au Québec, leur taux de succès est énorme, plus que satisfaisant. Je ne sens pas de relâche à cause du nombre grandissant de grimpeurs.
Par ailleurs, le Québec possède déjà les structures bureaucratiques les plus lourdes au niveau de la gestion de notre discipline. Tirer une table de concertation par-dessus ça promet plus de bloquer toutes les parties (« dead lock ») que de créer une convergence force. Qu’on laisse FQME, clubs, municipalités, coopératives et tutti quanti appliquer leur vision propre sur les sites qu’ils gèrent, en autant qu’ils écoutent leur public un peu, il ne ressortira rien de bien méchant de la diversité – rien de méchant qu’on ait pas déjà vu, au pire.
My two cents, avec optimisme.
Et pour en rajouter, les Grands-Jardins ont assez de « Grands » en eux pour accueillir 80 grimpeurs toutes les fins de semaine. Une fois la Granuleuse, la Directe et Hals und grimpées, il reste toujours bien près d’une 100aine d’options.
Que Kamou pose problème… et bien ! Pas grand chose à faire, mais en tout cas ce n’est pas Kamou qui va arrêter l’escalade dans son essor. Il faudra simplement se résoudre à y aller sans plus d’attente que de prendre du soleil, pis une pinte à la Tête d’allumette (la vue est belle du bas des parois anyway, ça peut pas être une mauvaise journée).
Je pense comme toi P-A… on fait déjà la bonne affaire. Le mélange d’acteurs dans notre sport l’a fait survivre les années, beau temps, mauvais temps. Et une personne voulant se défoncer dans n’importe quelle facette (bloc, voie, trad, montagne) est capable de trouver des ressources et des amis pour aller de l’avant.
De plus, quand on a besoin de structure, les gens en font pousser comme des champignons. Parfois j’ai l’impression que l’être humain aime juste ça, mettre de la structure…. pas capable de tolérer les brins de chaos. S’il y a quelque-chose qu’il me semble important à apprécier, c’est la richesse de la spontanéité et le chaos.
Ça venant d’un gars qui passe son temps à encadrer des trucs dans des topos bien ordonnés 😮 😮
Je suis aussi à 100% d’accord avec les commentaires de PA. Ya des gyms à Montréal ou les gens s’entassent les uns par dessus les autres chaque soir. C’est probablement les mêmes qui s’enlignent de la même manière à Rumney ou Camou. C’est pas un problème ni un défaut: Ils sont heureux dans leur approche grégaire face à l’escalade. Pendant ce temps, à part les lignées de cordes dans les voies écoles de Val David, 2 ou 3 parois de la Montagne d’argent, les derniers sites « hot » à la mode, tout est tranquille et vide presque tout le temps. La même chose arrive presque partout ailleurs. Quand aux GG, ya juste vraiment du monde qu’une fin de semaine par année. Pendant ce temps, les Palissades, avec leurs superbes voies sont vides de monde.
Pour moi, tout est parfait: Il y en a pour tout les goûts au Québec: En commençant pas les sites on on s’entasse comme des sardines en dedans ou dehors quand on a envie de sentir les dessous de bras de nos voisins, jusqu’aux grands terrains éloignés comme les Hautes Gorges ou la Côte Nord ou on peut jouer les aventuriers autant qu’on veut.
Côté encadrement: C’est aussi parfait. On semble finalement avoir plus d’égos normaux (ou peut-être juste plus sages et vieux????) à la tête de la plupart des sites et organismes.
Je suis grimpeur car l’escalade me permet d’exprimer ma passion de l’improvisation, de liberté et d’aventure plus que tout autre sport. Qu’on me force à pratiquer avec encore plus d’encadrement, ça va juste me couper le goût d’en faire. D’autres sont grimpeurs car l’escalade leur permet d’explorer les limites de leurs capacités physiques. Ils sont, eux aussi, très bien servis par ce qui existe.
Enfin, ya eu tellement de chicanes au à savoir quel organisme est devrait faire qui au cours des dernières décennies que l’idée de recommencer à brasser toute cette me*de m’horripile au plus haut point. On semble avoir enfin un bon équilibre ces jours-ci, ya pas de raison de changer quoi que ce soit.
Au Québec, l’escalade est moins dans les moeurs qu’en France, par exemple. Un accident ici, c’est la fin du monde, tous les propriétaires en ont peur… Les accréditations dans chacun des gyms au lieu d’un acquis « provincial » c’est aussi plate, des clowns bières a la main, qui font un solo parce qu’ils n’ont pas de coinceurs et de toute façon ne savent pas s’en servir, pour installer une moulinette sur deux scellement ou même deux plaquettes, ça s’est vu à val-david lundi passé… Je suis pas pro bureaucratie, mais je ne suis pas certain que ça va bien évoluer comme c’est là…
Cet article est un excellent exemple qui démontre que le média a besoin de médium, quel que soit le médium…. Bburrp, s’cuzé
»Manque encore un capitaine à la barre du navire pour nous guider dans la bonne direction. »
On est pas rendu là.
»Côté encadrement: C’est aussi parfait. »
Tant mieux si ça semble parfait.
»Si une série d’accident devait survenir… »
On a eu quelques »close calls » à Larouche… c’est ma hantise…