Louis Rousseau est présentement au Népal afin de réaliser l’ascension de l’Annapurna. Au départ, Louis et ses partenaires, devaient tenter le Cho Oyu via une nouvelle voie, mais les autorités chinoises ne les ont pas laissé entrer. Ils se sont donc rabattu sur la voie Nord-Ouest de l’Annapurna. Voici où ils en sont.
Via la page Facebook de Louis :
Message des 4:
Tout le monde s’entend pour dire que notre aventure a bien mal commencé… un peu désastreux en fait comme début : finalisation des bagages dans un tourbillon d’engagements professionnels et familiaux, vols d’avion manqués pour deux des quatre gars, bagages égarés qui contenaient plein de matériels essentiels pour grimper et, pour comble de malheur, l’interdiction par les autorités chinoises de nous laisser entrer au Tibet en raison des visas du Pakistan dans un des passeports.
Notre expédition de rêve dans le pays le plus élevé du monde s’est terminée avant même d’avoir débuté. Notre objectif pour le printemps 2017 était d’ouvrir une nouvelle voie sur la face nord presque inexplorée du Cho Oyu mais quelques jours avant notre arrivée à Katmandou, les autorités chinoises ont adopté de nouvelles règles interdisant l’entrée au Tibet aux voyageurs ayant des visas pakistanais récents dans leur passeport. Comme grimpeurs, nous avons les quatre déjà voyagé au Pakistan auparavant. Louis avait même 5 visas pakistanais dans son ancien passeport mais heureusement avait récemment renouvelé son passeport. Rick avait également eu un visa du Pakistan pour sa légendaire ascension de la Mazeno Ridge du Nanga Parbat en 2012, mais ce n’était apparemment pas assez récent pour causer problème. Felix avait également un visa pakistanais récent à la suite de ses tentatives de 2016 sur The Mustagh Tower. Toutefois, ce dernier avait réussi à Katmandou à obtenir un passeport d’urgence auprès de son ambassade d’Allemagne et aurait ainsi pu entrer au Tibet. Il restait Adam. Avec ses récents visas pakistanais et aucune ambassade de la Pologne à Katmandou pour l’aider, il y avait peu de solutions pour lui. Il avait eu l’idée de se rendre à l’ambassade de Pologne la plus proche, soit à Delhi en Inde, pour obtenir un nouveau passeport mais il n’y avait aucune garantie que toutes ces démarches coûteuses fonctionneraient en temps utile. Nous avions donc épuisé nos options. En fin de compte, la décision était facile à prendre : grimper ensemble était plus important que n’importe quelle voie de rêve.
Le soir suivant, nous nous sommes assis dans le jardin de l’hôtel avec nos ordinateurs portables à la recherche d’une nouvelle ligne qui nous inspirerait. Dhaulagiri? Rick avait déjà grimpé une nouvelle voie en 1993 avec une équipe russe; Makalu? Adam l’avait grimpé en 2011; Lhotse ou Everest? trop de monde; Manaslu? peut-être un potentiel pour une nouvelle voie; Annapurna? Il y avait les statistiques connues sur le taux de décès et d’accidents sur cette montagne. L’Annapurna demeure le plus dangereux des 8000 m. Mais qu’en était-il de la face Nord-Ouest de cette montagne : une pente raide, un mixte de glace, neige et roches, mais un versant relativement sécuritaire. C’était elle; cette montagne célèbre, le premier 8000m escaladé qui a inspiré une nouvelle génération de grimpeurs à explorer ses mystères. Nous avons terminé cette soirée avec de larges sourires. Le rêve du Cho Oyu était derrière nous, l’Annapurna était le nouvel objectif.
Une autre montagne était nécessaire pour l’acclimatation si nous voulions réaliser une ascension alpine sur l’Annapurna. Nous avons donc regardé la carte à la recherche d’un sommet de 7000 m près de notre objectif principal, une montagne où nous pourrions utiliser crampons et piolets dans notre préparation à grimper en altitude. Le mont Tilicho, 7134m, avec son arrête jusqu’à 6200m, a été choisi.
14 – 19 avril
14 avril : Quel soulagement de quitter Katmandou pour les montagnes avec notre nouvel objectif en tête. Nous sommes arrivés à Bise Shahar après 10 heures d’autobus sur une route cahoteuse, soit le point de départ habituel pour la randonnée du tour du massif de l’Annapurna. Comme le temps était compté, nous avons continué en jeep le lendemain, pour atteindre 3280m en une journée. Le 16 avril, nous pouvions finalement commencer à marcher et profiter des montagnes autour de nous. Après 7 heures de marche, nous avons atteint le dernier bâtiment permanent de la vallée, Kangsar à 3735m. Le lendemain, 17 avril, nous avons gagné 400m de plus et avons passé la nuit au Tilicho Base Camp Lodge.
Le 18 avril, nous nous sommes dirigés vers le lac Tilicho, l’un des plus hauts lacs au monde, maintenant complètement glacé. De cet endroit, nous pouvions très bien apercevoir notre premier objectif, l’imposant mont Tilicho, qui dominait l’horizon. Le lendemain, 19 avril, nous avons quitté le confort du lodge en route vers le camp de base du Tilicho pour les prochains 10 à 12 jours. Il nous a fallu beaucoup d’efforts pour traverser le col Tilicho à 5 340m avec nos lourds sacs à dos. Après 8 heures de marche, nous avons trouvé un bon endroit pour établir notre camp près de l’extrémité nord du lac. Un grand merci et beaucoup de respect pour les porteurs qui nous accompagnent jusqu’au camp de base et qui ont franchi le col avec de très lourdes charges.
Le 20 avril a été une journée de repos et d’organisation du camp de base. Le lendemain, nous avons finalement commencé la montée du Tilicho. La pente raide et enneigée du début a conduit au premier pilier rocheux. Nous avons ensuite atteint la crête qui était notre objectif de la journée et avons trouvé un endroit sécuritaire pour passer la nuit. Le lendemain, nous avons décidé de continuer jusqu’à près de 6 200m. Nous avons atteint un deuxième pilier rocheux, traversé une dernière section raide glacée et venteuse et avons établi le camp 2 à un endroit plus hospitalier.
Après une nuit passée à 6 200m, nous avons commencé la descente vers le camp de base. Comme la pente était raide et pas si évidente, nous avons fait bon usage des pitons d’expéditions précédentes recueillis la veille par Louis et finalement, la descente en rappel s’est avérée la façon la plus sécuritaire et rapide pour descendre au camp de base. Nous sommes arrivés à nos tentes fatigués et heureux et le sommeil ne s’est pas fait attendre !
Aujourd’hui, nous profitons de notre journée de repos pour jouer aux échecs et planifier la prochaine montée, dans notre tente (dôme) nouvellement installée. Nous retournons grimper après-demain sur le Tilicho, toujours dans un objectif d’acclimatation, si le temps le permet avant de commencer l’ascension de l’Annapurna d’ici 1 semaine.
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