La voie n’est pas particulièrement difficile, ni belle, ni laide, même son nom est tout sauf inspirant: Piquette (5.6). Ça rappelle un mauvais vin ou bien une chèvre rachitique, mais comme nom de voie on repassera! Toujours est-il que Piquette au Morne est une classique québécoise et le plaisir réside essentiellement dans la traverse de la seconde longueur.
Probablement que la voie a obtenu son statut de classique de par le fait qu’elle se retrouve en couverture du guide d’escalade du Grand Morne de Nicolas Rodrigue. Le paysage en arrière-plan, de même que la position ultra relaxe du grimpeur, donne effectivement le gout de la grimper.

Même au printemps, l’orientation franc Ouest permet d’y grimper
La première longueur de corde est sans histoire. Les prises sont bonnes et fréquentes et les placements de pros pas vraiment compliqués. Je recommande d’installer le relais avant la traverse qui va vers la gauche, afin de minimiser le frottement de la corde (drag), ce qui peut grandement augmenter la difficulté de cette courte section.
Cette seconde longueur, bien que courte offrira des belles émotions au nouveaux tradeux, de même qu’à leur second. On suit la belle vire vers la gauche en prenant soin de garder les pieds sur les petites prises plus bas. La vire sert à nos mains de même qu’à nos protections. N’oubliez pas votre second et mettez quelques pros plus rapprochées, question de ne pas le terroriser. La traverse tourne un « coin aveugle » et donne une belle impression de vide et de hauteur. Impossible de rester de glace face à ce vide et à la vue. On fait ensuite le relais sur un petit cèdre. Rien ne nous empêche de siroter un petit coup de piquette en attendant notre second.

Le relais sous un cèdre pour sirotter une petit coup de piquette!
Du cèdre, toujours vers notre gauche, s’ouvre un beau grand mur vertical. Sur ce mur on a une panoplie d’options de sortie variant entre 5.6 et 5.8. De mémoire, certains itinéraires ont des placements de protections plus difficiles et demandent des pros assez petites. Mais comme les cotes ne sont pas difficiles, ça ne devrait pas poser problème.
On termine la voie sur une grande vire d’où on effectue deux rappels pour rejoindre le plancher des chèvres.

Couché de soleil au Grand Morne
En terminant, le Grand Morne est un joyau méconnu du Québec. On y retrouve une multitude de belles voies de tous les niveaux. L’endroit est calme et magnifique. Une mise-à-jour importante du livre guide est disponible sur le site de la FQME. Finalement, rarissime au Québec, on peut camper sur le dessus de la montagne. Bien que l’accès demande une marche ascendante d’une 20e de minutes, les couchés de soleil y sont incomparables et valent à eux seul l’ascension.

Plateforme de camping au sommet du Morne
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